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XII

LA LOGIQUE DES STOÏCIENS

(deuxième étude)


Dans une étude intitulée La Logique des stoïciens, publiée en 1892 dans l’Archiv fur Geschichte der Philosophie[1], j’ai essayé de déterminer les caractères distinctifs de la logique stoïcienne et d’en montrer le véritable sens et la portée. Les stoïciens sont ouvertement nominalistes. Comme l’avait déjà dit Antisthène, les individus seuls existent. Il n’y a aucune place dans toute leur philosophie pour le concept, pour les genres et les espèces qui sont des choses intemporelles, c’està-dire non réelles.

Dès lors on doit s’attendre à ce que leur logique, s’ils en ont une, soit nettement différente de celle d’Aristote, fondée tout entière sur la considération des genres et des espèces. C’est, en effet, ce qui arrive, et, dès qu’on prend la peine d’examiner attentivement les documents relatifs à cette question que l’antiquité nous a laissés, on s’aperçoit que les historiens de la philosophie ou de la logique se sont trompés quand ils n’avaient vu dans la logique stoïcienne qu’une reproduction affaiblie de celle d’Aristote.

Ce n’est pas la logique de l’Organum, c’est une tout autre logique fondée sur un principe différent et animée d’un tout

  1. C’est l’étude précédente.