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LA LOGIQUE DES STOÏCIENS

deux propositions : Non et natus est quis oriente canicula, et is in mari morietur (Cic. De fato, VIII, 15) parce que l’expérience nous a appris cette liaison, en vertu d’un θεώρημα. Mais en même temps il pouvait ne pas étendre cette conception à tous les cas possibles : hoc Chrysippo non videtur valere in omnibus (Ibid., VII, 14). En tous cas, on voit que les stoïciens avaient bien vu l’importance du problème, si on ne peut affirmer qu’ils l’aient complètement résolu à propos du συνημμένον en général.

La même difficulté devait se présenter devant eux plus pressante encore à propos de ces συνημμένα particuliers qu’ils appellent les signes ou les preuves. C’est, sous un autre nom, le problème de l’induction.

Il est assez surprenant que divers historiens aient pu exposer la logique stoïcienne sans presque faire mention de cette théorie : c’est cependant le cœur du système. La logique stoïcienne est essentiellement une séméiologie. Elle précède logiquement la théorie de la démonstration qui ne peut s’établir sans elle. Sextus, dans sa critique, lui assigne la même place ; et nous voyons que dès l’époque d’Énésidème les sceptiques s’étaient acharnés sur cette partie de la doctrine, sentant bien que, elle détruite, tout le reste s’écroulait.

La théorie des signes n’a pas d’analogue chez Aristote : ou plutôt elle correspond à la théorie des vérités immédiates, des premiers principes connus intuitivement par le νοῦς. C’est elle qui rend compte du contenu de chaque science, car il est clair qu’on ne pouvait aller bien loin avec des principes purement formels, tels que εἰ τὸ πρῶτον καὶ τὸ δεύτερον. Seulement il n’y a pas ici d’intuition intellectuelle : il faut expliquer autrement la connaissance de vérités primordiales.

On connaît la définition stoïcienne du signe (Sext., P., II, 104 ; M., VII, 24) σημεῖον εἶναι ἀξίωμα ἐν ὑγιεῖ συνημμένῳ προκαθηγούμενον, ἐκκαλυπτικὸν τοῦ λήγοντος. Entre le signe et la chose signifiée que le signe a pour office de découvrir, il y a donc un rapport de nécessité. C’est d’ailleurs ce que les stoïciens affirment avec une extrême énergie. Les mots ἀκλουθία, συνάρτησις, ἕπεσθαι ont bien cette valeur, et ils reviennent sans cesse dans les textes. Le signe, par sa nature