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Ou, pour filer, ployant à terre les genoux,
Vous croyez voir, ravi de ces façons naïves
Et de tant de blancheur sous des couleurs si vives,
La fille de l’El-Orn, caprice d’un follet,
Ou la fée aux yeux bleus qui dans l’âtre filait.

Amour ! religion ! nature ! à mon aurore,
Ainsi vous m’appeliez de votre voix sonore !
Et comme un jeune faon, qui court, à son réveil,
Aux lisières des bois saluer le soleil,
Brame en voyant au ciel la lumière sacrée,
Et, le reste du jour errant sous la fourrée,
Le soir aspire encor de ses larges naseaux
Les feux qui vont mourir dans la fraîcheur des eaux,
Amour ! religion ! nature ! ainsi mon âme
Aspira les rayons de votre triple flamme ;
Et, dans ce monde obscur où je m’en vais errant,
Vers vos divins soleils je me tourne en pleurant,
Vers celle que j’aimais et qu’on nommait Marie,
Et vers vous, ô mon dieu, dans ma douce patrie !
Oh ! lorsqu’après deux ans de poignantes douleurs
Je revis mon pays et ses genêts en fleurs,
Lorsque, sur le chemin, un vieux pâtre celtique
Me donna le bonjour dans son langage antique,
Quand, de troupeaux, de blés causant ainsi tous deux,
Vinrent d’autres bretons avec leurs longs cheveux,
Oh ! comme alors, pareils au torrent qui s’écoule,
Mes songes les plus frais m’inondèrent en foule !
Je me voyais enfant, heureux comme autrefois,
Et, malgré moi, mes pleurs étouffèrent ma voix !…

Alors, j’ai voulu voir les murs du presbytère