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Marie


 
Assez, sonneur, assez ! vous briserez la cloche !
Sa voix par les vallons roule de roche en roche.
Les pâtres dans l’étable ont renfermé les bœufs.
« Le catéchisme sonne, Iann, peignez vos cheveux.
— Vous me rapporterez, Daniel, de l’eau bénite.
— Et vous, partez aussi, Marie, et courez vite. »

Chaque jour, vers midi, par un ciel chaud et lourd,
Elle arrivait pieds nus à l’église du bourg,
Dans les beaux mois d’été, lorsqu’au bord d’une haie
On réveille en passant un lézard qui s’effraie,
Quand les grains des épis commencent à durcir,
Les herbes à sécher, et l’airelle à noircir ;
D’autres enfants aussi venaient de leur village,
Tous, pieds nus, en chemin écartant le feuillage
Pour y trouver des nids, et tous à leur chapeau
Portant ces nénuphars qui fleurissent sur l’eau.
Alors le vieux curé, par un long exercice,
Nous préparait ensemble au divin sacrifice,
Lisait le catéchisme, et, nous donnant le ton,
Entonnait à l’autel un cantique breton.