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gage. Ces Bretons ne se lassaient pas d’entendre si bien parler la langue de leur pays ; lui, en parlant de la Bretagne, se consolait de vivre forcément loin d’elle. C’était là que lui arrivaient de hautes et savantes correspondances, et qu’une députation de ses jeunes compatriotes le pria, en 1838, de présider leur banquet annuel. À cette fête, qui fut comme le couronnement de sa vie, il répondit dans l’idiome national à une allocution de M. Pôl de Courcy ; on se rappelle ces dernières paroles : « Fellet éo bet d’in tenna diouc’h eunn dismantr didéc’huz iez hon tâdou, péhini a roé dézhô kémend a nerz. Ma em eûz gréât eunn dra-bennag évid dellezout hô meûleûdi, é tléann kément-sé d’ar garantez cvid ar vrô a sav gand ar vuez é kaloun ann holl Vrétouned. Na ankounac’hainn bihen al lévénez am eûz merzet enn deiz man, é-kreist va mignouned, va Brétouned ker. Keit a ma vézô buez enn ounn, va c’houn a vézô évit va brô. »

Mot à mot :

« J’ai voulu tirer d’une ruine inévitable l’idiome de nos pères, lequel leur donnait tant de force. Si j’ai fait quelque chose pour mériter vos éloges, je le dois à l’amour du pays, qui naît avec la vie dans le cœur de tous les Bretons. Je n’oublierai jamais la joie que j’ai trouvée en ce jour, au milieu de mes amis, mes chers Bretons. Aussi longtemps que la vie sera en moi, mon souvenir sera pour mon pays. »

Tels furent les souhaits de vie qui accueillirent l’auteur de ces simples et touchantes paroles, telle fut la