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une famille de cette ville, où son père, d’ancienne et noble maison, mais sans fortune, occupait un emploi des Fermes. Dans le voisinage du Conquet demeuraient, au château de Ker-Iann-Môll, M. etMme de Ker-Sauzon, qui, s’intcressant aux époux Le Gonidec, tinrent leur fils sur les fonts de baptême. Ce fut un grand bonheur pour l’enfant. À l’âge de trois ans, privé de sa mère, puis abandonné de son père, homme bizarre et dur qui délaissait ainsi tous les siens, il fut généreusement recueilli par ses parents selon Dieu. Telle fut la tendresse des père et mère adoptifs, telle l’indifférence du père naturel, que jusqu’à sa douzième année le pauvre enfant ne se douta point de son sort. Le secret dévoilé, il tomba malade et faillit mourir de douleur.

Dans ce temps, l’abbé Le Gonidec (celui qui refusa sous la Restauration l’évêché de Saint-Brieuc) était grand chantre de Tréguier ; dans cette ville était aussi un collège dont l’enseignement avait de la réputation : cette double circonstance dut décider à y envoyer l’enfant.

Ses études furent parfaites. Dès le début, soit commencement de vocation, soit influence de son parent l’ecclésiastique, il avait revêtu la soutane. Le jeune abbé Le Gonidec, ce fut ainsi qu’on le nomma dans le monde, laissait voir beaucoup d’esprit et d’imagination, et un vif attrait pour les lettres. Aussi, durant ses vacances au château de Ker-Iann-Môll, tous les manoirs d’alentour lui étaient ouverts. Ses parents adoptifs pouvaient se féliciter.

Voici une occasion plus grande de payer sa dette. Vers la fin de 1791, M. de Ker-Sauzon émigré. Aus-