Page:Brizeux - Œuvres, Marie, Lemerre.djvu/237

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour exprimer les sentiments qui de nos jours animent la Bretagne et la font aimer.

Les trois formes de notre poésie lyrique sont le Barzonek ou Kanouen qui répond à l’ode, — le Gwer ou chant historique, — et le Son, ou chant d’amour, de danse, de satire. Ne sont-ce peint tous les tons de la poésie ?

Maintenant, qu’à cette poésie l’on compare celle des campagnes dites civilisées et, par les plaisirs des intelligences, qu’on juge des populations !

Surtout que ne devra-t-on conclure, si à la langue sans nom parlée dans ces campagnes l’on compare l’idiome d’Armorique dont les lois délicates et la savante grammaire sont naturellement suivies par le moindre laboureur ?

Il faut le déclarer cependant, tant pour la pureté même de la langue que pour le choix des sujets, la poésie contemporaine, sauf d’honorables exceptions, avait bien dégénéré des anciens chants nationaux.

Raviver à la fois l’âme et la poésie bretonnes, tel fut l’effort tenté, il y a bientôt huit ans, par le premier de ces chants, dans un appel direct aux Bretons : c’était continuer, sous une autre forme, l’œuvre commencée à l’aide de la langue et de la poésie françaises. De plus experts, sinon de plus dévoués, accompliront un mouvement qui s’est déjà répandu.

Avec une nouvelle espérance, osons donc présenter ces essais à nos compatriotes, bons juges de l’influence salutaire de la langue et de la poésie nationales. Oui ! pour tenir à tous les sentiments généraux, comme je l’ai pu dire ailleurs, ne brisons pas les sentiments particuliers où l’homme a le mieux la conscience de