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Notre langue n’a donc plus que des ennemis politiques.

Cependant une doctrine un peu large pourrait accepter, en regard même de la France, cette variété du génie breton. Il est peu logique, quand tous les vieux monuments sont avec tant de soins conservés, de détruire une antiquité vivante. La conservation de notre idiome importe à l’histoire générale des langues, et en particulier à la langue française, qui y trouve une de ses principales sources : sans nos vieux dialectes, les temps primitifs de la Gaule sont en partie inexplicables. Cette conservation, dis-je, qui peut être désirée par une politique et une philosophie éclairées, le serait certainement par tous les historiens et les philologues. Qu’on veuille donc bien ne pas dédaigner ce petit livre !

Plusieurs de ces chansons bretonnes, imprimées sur des feuilles volantes, étaient, comme on l’a vu, depuis longtemps répandues dans nos campagnes : l’accueil qu’elles y ont reçu a permis d’en faire une édition nouvelle, accompagnée cette fois d’une traduction française.

Toute littérale, cette traduction s’est efforcée de reproduire les tournures, sinon l’harmonie, des vers celtiques, dont les fréquents diminutifs et les syllabes molles dans les choses douces, les sons gutturaux et retentissants dans les choses fortes, ne trouveraient guère d’équivalents ; mais, à côté du sens exact, elle pourra fournir avec quelque intérêt une facile comparaison des deux langues.

Quant aux chansons mêmes, elles contiennent, il semble, dans leur cercle restreint, assez de variété