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Que rien n’interrompit jusqu’au lever du jour.
Il semblait à longs flots rouler vers la rivière,
Ou suivre le vent triste et froid de la bruyère.
Et c’était un appel à la Divinité,
Pour toute nation un vœu de liberté ;
C’étaient, ô mon pays ! Des noms de bourgs, de villes,
D’épouvantables mers et de sauvages îles,
Noms plaintifs et pareils aux cris d’un homme fort
Luttant contre la main qui le traîne à la mort !…
Oui, nous sommes encor les hommes d’Armorique,
La race courageuse et pourtant pacifique,
Comme aux jours primitifs la race aux longs cheveux,
Que rien ne peut dompter quand elle a dit : « Je veux ! »
Nous avons un cœur franc pour détester les traîtres,
Nous adorons Jésus, le dieu de nos ancêtres,
Les chansons d’autrefois toujours nous les chantons !
Oh ! Nous ne sommes pas les derniers des bretons !
Le vieux sang de tes fils coule encor dans nos veines,
Ô terre de granit recouverte de chênes !