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Marie


 
Paris m’avait glacé par deux grands mois de pluie :
Alors, comme au soleil un jeune oiseau s’essuie,
Je m’enfuis vers Marseille, opulente cité,
Et dans tout son bonheur j’y retrouvai l’été.
Le golfe étincelait, et son odeur saline
M’arrivait mollement jusques à la colline
Où, fatigué du bruit des chantiers et du port,
Parmi des arbrisseaux je pensais à mon sort.
« Que cette terre est chaude, et que ce soleil brille !
Disais-je ; mais où sont mes amis, ma famille ? »
Et voilà que mon cœur retourne vers Paris,
Et puis m’emporte au loin sous le ciel morne et gris
De mon pays natal : la bruyère est déserte ;
Sur les rocs du Poull-dû la vague roule verte ;
Chaque porte est fermée ; et l’on entend mugir
L’horrible vent de l’ouest aux angles du men-hîr.

Oui, Dieu veille sur nous ! Tandis que dans mes rêves
Je retrouvais ainsi ma province et ses grèves,
Et que, de lieux en lieux, errant sans le savoir,
Ma pensée arrivait d’elle-même au Moustoir,