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Marie


 
Partout des cris de mort et d’alarme ! Paris
S’entoure avec effroi de ses jeunes conscrits,
Et du Nord, du Midi, des champs de la Lorraine,
Des jardins verdoyants de la riche Touraine,
Tous, enfants bien-aimés, déjà près d’être époux,
Accourent à grands pas au commun rendez-vous.
Sur l’habit du pays, qu’ils conservent encore,
Plus d’un porte une fleur, et tous, avant l’aurore,
Par bandes s’avançant aux deux bords du chemin,
Disent des chants de guerre en se tenant la main.
Liberté, seul amour que notre âme flétrie
Sente et poursuive encore avec idolâtrie,
De ce siècle sans foi seule divinité,
Regarde, à ton seul nom, regarde avec fierté
Se lever cette foule ardente, généreuse !
Dans tes prédictions si tu n’es point menteuse,
Quels biens, ô Liberté ! pourras-tu donc offrir
À ces nouveaux croyants qui pour toi vont mourir ?

Il faut partir aussi, Daniel ! Adieu ta ferme
Qu’un fossé large et creux contre les loups enferme,
Ton hameau recouvert d’un bois de châtaignier,