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Plus calme un jour et non moins tendre,
Vous sourirez à vos chagrins :
Les temps seront alors sereins,
En pleurant il faut les attendre.

Tremblante et cherchant un réduit,
Hier, une hirondelle égarée
Sur le mât du chasse-marée
S’est venue abattre à la nuit.

Ouvrant l’aile à chaque secousse,
Quand la vergue plongeait dans l’eau,
Sur sa corde le jeune oiseau
Criait d’une voix triste et douce.

Ce matin le ciel était clair,
On voyait au loin le rivage ;
L’hirondelle reprit courage,
Et chantait en traversant l’air.

Oh ! quand vos jours auront moins d’ombre,
Votre cœur troublé moins d’effroi,
Dans l’avenir songez à moi,
À moi surtout s’il était sombre.

Femme pure, au cœur méconnu,
Contre le sort faible et sans armes,
N’oubliez jamais dans vos larmes,
Celui qui s’en est souvenu.

Il reçut une âme discrète,
Une âme prompte à s’attendrir,
Et sa main, sans faire souffrir,
Sonde une blessure secrète.