Page:Brizeux - Œuvres, Marie, Lemerre.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Oh ! Non, ce n’était plus Marie, enfant rieuse,
Qu’à son corsage plat, son pied vif et léger,
On eût prise de loin pour un jeune berger !
Enfin me regardant avec un doux sourire,
Comme une sœur aînée un frère qui l’admire,
Grave et tendre à la fois, elle me dit adieu ;
Puis, entrant dans l’église, elle alla prier Dieu.
Avec ces mots d’adieu tout finit ! — Un jeune homme,
Natif du même endroit, travailleur, économe,
En voyant sa belle âme, en voyant son beau corps,
L’aima ; les vieilles gens firent les deux accords ;
Et toute à son mari, soumise en son ménage,
Bientôt elle oublia l’amoureux de son âge.
Au sortir de la messe, ah ! quand l’heureux rival
Assise entre ses bras l’emportait à cheval,
Quand la noce passait, femmes et jeunes filles
Remplissant le chemin du bruit des deux familles,
Celui qui resta seul, celui-là dut souffrir !
Il mit tout son bonheur depuis à s’enquérir
De celle qu’il aima, de chaque métairie
Qu’elle habitait… du moins, le savez-vous, Marie ?
Je vis de souvenirs, de souvenirs anciens,
Hélas ! Mais tous les jours et partout j’y reviens !