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De scrupules sans fin tourmente son bonheur,
Suit, même en ses écarts, sa droiture pour guide,
Et, pour autrui facile, est pour elle timide.




 
Souvent je me demande et je cherche en tout lieu
Ce qu’est Dieu sans l’amour, ou bien l’amour sans Dieu.
Aimer Dieu, n’est-ce pas trouver la pure flamme
Qu’on crut voir dans les yeux de quelque jeune femme ?
Dans cette femme aussi n’est-ce point ici-bas
Chercher comme un rayon du dieu qu’on ne voit pas ?
Ainsi, ces deux amours, le céleste et le nôtre,
Pareils à deux flambeaux, s’allument l’un par l’autre :
L’idéal purifie en nous l’amour charnel,
Et le terrestre amour nous fait voir l’éternel.





 
Quand le temps sur nos fronts efface par degré
L’enfance et les reflets de cet âge doré,
Arrive la jeunesse avec toute sa sève ;
Et par un jet nouveau le corps monte et s’élève,
Et toujours monte ainsi, jusques à son été,
Au faîte radieux de sa virilité.
Et la pensée aussi va croissant d’âge en âge ;
Mais un regret la suit à travers son voyage,
Hélas ! car rien ne vaut le peu qu’on a quitté :
Tout ce qu’on gagne en force, on le perd en beauté.