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Riche et vieux, jeune et pauvre. Ô Dieu ! la bonne joie !
De poussière entouré, comme cela tournoie !
Que de fronts en sueur ! Arrêtez ! Les plus forts,
Tant leurs jarrets sont las, ne vont plus que du corps.
Assez, braves sonneurs ! Encore une cadence,
Et vous étendez mort le meneur de la danse.
Vous, du cidre, aubergiste ! et versez largement !
Chacun de ces gosiers est un brasier fumant.
 
Enfin tous sont à boire, et boivent à plein verre.
Vrais Bretons, hors ceux-là qu’une autre soif altère.
Couples qui vont chercher en devisant entre eux,
Au tomber de la nuit, l’ombre des chemins creux.

lilèz.

« Que dit de moi la fille aussi souple qu’un saule,
Et que j’appellerais la perle de l’Izôle ? »

hélène.

« Votre nom ne ment pas, ô Lilèz ! il me plaît ;
Car votre âme innocente a la blancheur du lait. »

daûlaz.

« Moi, c’est avec raison que Daûlaz on me nomme ;
Ame et corps, tout se meurt en moi, pauvre jeune homme ! »

anna.

« Daûlaz, avec vos pleurs, oh ! ne me tentez pas.
Ou je vais racheter vos jours par mon trépas. »