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Son père le tenait sous les bras, et la mère,
Prenant les petits pieds de l’enfant, son amour,
Dans les creux du rocher les posait tour à tour ;
Tout près, dévotement brûlait un bout de cierge,
Car ces creux vénérés sont les Pas-de-la-Vierge ;
Ils sont, depuis mille ans, empreints sur ce rocher,
Et par eux les enfants apprennent à marcher.
Leurs mouvements joyeux, leurs colères sans cause,
Le bonheur des parents, Naïc, la douce chose !
Tout ce qui me manquait, alors je l’ai senti.
Et, pensif, j’arrivai comme j’étais parti. »
 
Si tendre était sa voix, et son regard si tendre,
Qu’Anna, les yeux baissés, s’oubliait à l’entendre ;
Il comprit, l’heureux clerc ! et, lui prenant la main.
Il y passa la bague en ajoutant : « Demain,
Demain, aprês la lutte, on dansera ; les fêtes
Seront pleines de joie, Anna, si vous en êtes. »
 
Ah ! jeune homme inquiet, ah ! rassure-toi bien !
Malgré ce froid silence et ce sage maintien,
Au milieu des danseurs, joyeuse et hors d’haleine.
Tu la retrouveras près de sa sœur Hélène !
Il est dans tous les cœurs, l’ardent besoin d’aimer :
Cette fleur, Dieu lui-même en nous la fait germer ;
Dès la première enfance avec nous elle pousse.
Et le plus fort s’enivre à son odeur si douce.