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CHANT QUQTRIÈME

LES ÎLES.


Tristesse du clerc Daûlaz. — Mor-Vrau l’emmène sur mer — Hospitalité à l’île d’Hœdic. — La messe des deux îles, ou le pavillon de Dieu. — Autorité de l’Ancien. — Courses dans le golfe du Mor-Bihan. — Ils reviennent à Carnac. — Lettre d’Anna, et joie du jeune clerc.


 
Non ! celui que l’amour a rempli de sa flamme,
En changeant de pays ne change point son âme !
Plus il marche, et souvent plus il aigrit son mal,
Celui-là dont le sang roule un germe fatal ;
Le mal intérieur paraît sur son visage ;
Et partout d’un œil triste on le suit au passage.
De même un amoureux : partout et sans repos
Il emporte la flamme attachée à ses os ;
Et ceux qui de son mal ont tant souffert eux-même,
En le voyant passer, disent : « Ce jeune homme aime ! »
 
Le sombre Cornouaillais ! Toujours seul, un matin,
Il regardait la mer houler dans le lointain,
Jusqu’à ses pieds bondir, et ses folles pensées
Se mêlaient à ces jeux des vagues insensées.