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L’oiseau, comme l’éclair, remonte vers les cieux ;
Et les petits enfants, avec des cris joyeux,
Appelaient, appelaient le bel oiseau volage
Qui déjà, roi des airs, chantait dans un nuage.

Ces choses-là, Daûlaz les vit en arrivant,
Et bien d’autres encor qu’on observe en rêvant,
A l’âge où l’âme est tendre et quand l’œil étincelle.
L’inquiet voyageur les écrivit à celle
Qui remplissait son cœur de troubles et d’ennuis,
Hélas ! et le forçait de quitter le pays. —

Or, sur ce tertre, assise à l’ombre des broussailles.
Que lit la jeune Anna, la vierge de Cornouailles ?
Pour son frère malade, auprès de son hameau,
Elle avait ramassé quelques fleurs de sureau,
Et rentrait au logis, quand l’homme de la poste,
Une lettre à la main, dans un sentier l’accoste.
Alors la jeune Anna, sans trop de vanité,
Dut sourire en voyant ce papier cacheté ;
Puis, assise à l’écart, sur la pelouse verte,
Quand elle eut cette lettre en ses deux mains ouverte,
Certe, elle dut bénir Kemper et son couvent
Où l’esprit s’illumine et devient si savant
Que les mots les plus fins elle les pouvait lire.
« Qui songe à moi, dit-elle, et qui peut donc m’écrire ? »
La rougeur sur le front, elle l’apprit bientôt,
Et sa main referma la lettre au premier mot.
 
Mais, plus tard, ce billet d’amour et de tristesse,
Comme Anna le lisait, le relisait sans cesse !
Attendant toujours l’heure où, seule à la maison,