Page:Brizeux - Œuvres, Les Bretons, Lemerre.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ou quelque ennui secret au temple nous ramène,
Au saint Maître du lieu, surpris de les revoir,
Ils ne demandent pas de les bien recevoir,
Souhaitant qu’à l’autel le prêtre abrège l’heure,
Et tout bas regrettant l’aise de leur demeure.
Dieu vit dans leur église : en symboles pieux
11 s’explique à leur âme, il se montre à leurs yeux ;
Du fond de leurs hameaux partis en long cortège.
L’été, sous le soleil, en hiver, sous la neige,
Ils viennent l’adorer, et, tous agenouillés,
Ils sèchent devant lui leurs vêtements mouillés.
 
Le jour de ce Pardon, la grand’messe était belle.
Les voix montaient en chœur. Du bas de la chapelle
Les femmes doucement envoyaient pour répons
A l’Eléison grec les cantiques bretons.
Les enfants, appuyés sur la rampe massive.
Admiraient tour à tour, dans leur âme naïve,
Le calice d’argent, et les hauts chandeliers,
Et les portraits des saints adossés aux piliers.
 
À la Préface, avant le divin sacrifice.
Un jeune paysan qui chantait à l’office,
S’approcha de l’autel où, comme un blond faisceau,
Pendait une quenouille avec chanvre et fuseau,
La prit, et, rougissant, les yeux brillants de flammes,
Descendit dans la nef vers le côté des femmes.
 
On l’avait vu déjà, soucieux par instant.
Vers ce même côté se tourner en chantant,
Puis, les yeux ramenés lentement sur le livre.
Au milieu du verset oublier de poursuivre ;