Page:Brizeux - Œuvres, Les Bretons, Lemerre.djvu/225

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Disaient : « Vous n’irez plus aux fêtes des campagnes,
Heureuses désormais de rester loin de nous,
Allaitant votre fils couché sur vos genoux.
Des épingles fermaient hier votre corsage :
Qui les aurait de vous comme vous serait sage.
Des épingles tenaient la coiffe à votre front :
Faites-nous-en cadeau, toutes se marieront. »

Les maris écoutaient ces choses sans rien dire ;
Mais leurs yeux se prenaient tendrement à sourire,
Comme en un beau verger de riches laboureurs
Comptent sur bien des fruits en voyant tant de fleurs.

Et moi-même j’arrive au terme de ma route,
Long chemin qu’un plus fort eût trouvé court sans doute ;
Mais ronces et graviers entravaient tant mes pas,
Que souvent je disais : « Je n’arriverai pas ! »
Seule alors vous m’aidiez, ô puissance cachée,
Humble force du cœur qu’en partant j’ai cherchée !
Et vous, l’Inspirateur, mon Dieu, je vous bénis :
J’ai commencé par vous, et par vous je finis.
 
Quand l’éternel oubli recouvre tant de races,
Mon peuple dans mes vers aura-t-il quelques traces ?
Bretagne, ô vieilles mœurs, noble rusticité.
Ensemble harmonieux de force et de beauté !
 
Ah ! cette noce encore a des pompes plus hautes :
Avec le second jour viennent de nouveaux hôtes.
Sans robes d’écarlate et pourpoints de drap bleu.
Mais les membres du Christ et les hôtes de Dieu,
Les pauvres. — Plus de cent autour de l’aire à battre,