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Oh ! ne laissez jamais sans la douce liqueur
Les pis de la génisse et les seins de la femme.
 
«Chantons la soupe blanche, amis, chantons encor
Le lait et son bassin plus jaune que de l’or !

« Assez ! les mariés ont bu la soupe blanche ;
L’épouse rougissante est pleine d’embarras ;
Elle voudrait cacher sa tête sous son bras :
L’époux attire à lui cette fleur qui se penche.

« Chantons la soupe blanche, amis, chantons encor
Le lait et son bassin plus jaune que de l’or ! »
 
Non ! silence, Nannic, à ces chansons menteuses !
Mais passez, cher enfant, passez vos mains flatteuses
Au front de ces époux suant de déplaisir
Sur une soupe ardente impossible à saisir :
Pour boire ils ont reçu des cuillères percées,
Et les tranches de pain d’un fil sont traversées !
Vieilles joyeusetés, nouvelles chaque fois,
Qui rendent leurs témoins plus heureux que des rois.
Ces bons tours, mes amis, souvent furent les vôtres,
Et vous souffrez du mal que vous fîtes à d’autres.
Mais un saint damnerait son âme à tant d’ennuis.
Et dirai-je l’emploi des trois premières nuits ?
La première est pour Dieu ; la Vierge a la deuxième ;
Joseph, le chaste époux, réclame la troisième.
Quand les vierges sortaient de leur lit nuptial,
Vers elles s’avançait tout un chœur matinal ;
Comme la veille au soir, leurs anciennes compagnes