Pour la danse bruyante, ou l’immense repas
Qui remplit tout ce jour, je ne les peindrai pas.
Sur le bord d’un fossé vingt chaudières bouillantes.
Un grand four qui vomit sans fin des chairs brûlantes,
Dans l’aire des barils ne cessant de couler,
Des tables qui devraient sous leur charge crouler,
Des files d’éternels mangeurs, plas d’un ivrogne
Vidant des pots, vidant son verre sans vergogne ;
Puis le cidre, et le lard, et les rôtis fumants
Qui reviennent encoreau son des instruments,
Gigantesque tableau ! — Mais sous un dais à frange
Chaque blanche épousée illuminant la grange,
Les époux radieux siégeant à leur côté,
Et les mères au port rempli de majesté.
Pour payer tant de frais lorsque s’ouvrit la quête,
Nul ne fit, croyez-moi, le sourd à leur requête :
Les mariés n’avaient qu’à répondre merci,
Tant le cuivre pleuvait, et les écus aussi.
Môr-Vran, le vieux marin, avec Nona, sa fille,
Vint du pays de Vanne ; et, rieuse et gentille,
La belle enfant Mana sortit de son foyer
Avec son père Hervé du pays de Tréguier.
L’Arvor, comme jadis aux noces de ses princes,
Avait des envoyés de toutes les provinces.
Une tendre amitié dès lors vous enchaîna.
Douce comme vos noms, Léna, Mana, Nona…
Mais il est temps : montrons cette belle journée
Par une nuit plus belle encore terminée.
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