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Les quatre mariés ont dans la sacristie
Suivi le prêtre ; et là, sous l’œil sacerdotal,
Saintement s’accomplit le banquet nuptial
(Symbolique repas). Du fond d’une corbeille
Furent tirés un pain, un verre, une bouteille ;
Le prêtre fit deux parts du pain, il en goûta,
Puis aux nouveaux époux sa main les présenta.
Ainsi du vin. Chacun dut boire au même verre :
Enseignement voilé, leçon douce et sévère.
 
Que la danse sacrée ait à présent son tour !
Fusils, tonnez ! Chantez, les gais enfants du bourg !
Par-dessus tous les bruits, cornemuses, bombardes,
Mêlez dans l’air vos voix confuses et criardes !

La pauvresse disait : « Les voilà ! les voilà !
Mais regardez Lilèz ! Hélène, voyez-la !
Le clerc a l’air d’un saint tout paré dans sa niche ;
De lui-même, on le sait, le gars n’était pas riche ;
Mais notre bon recteur, qui l’aime comme un fils,
L’a doté largement sur ses anciens profits.
Pour Naïc… — Oh ! par Dieu ! taisez-vous, bonne vieille !
Ne clôt-elle jamais son bec, cette corneille ? »

Comme la noce sort avec solennité !
De son grave parrain chaque époux escorté
S’avance. Autour de lui flottent ses larges braies,
De trois habits brodés sortant à mille raies ;
Il vient les yeux baissés et les traits rougissants ;
Ses immenses cheveux pendent éblouissants.
Derechef, ô sonneur, que votre voix éclate !
Voyez-vous resplendir les robes d’écarlate,