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un tailleur.

Je connais mon chemin, et je connais la porte
Où doivent s’arrêter les présents que j’apporte :
Lorsque sainte Énora s’en vint chez son époux,
Son habit nuptial ruisselait de bijoux.

le meunier

Quand Ruth allait glanant derrière la faucille,
Rien qu’un tissu grossier couvrait la jeune fille.
Ô précieux trésor de la virginité !
Une vierge nous plaît par sa seule beauté.

le tailleur.

Que cet homme a d’esprit ! et comme il vous enlace !
À toutes mes raisons si vous êtes de glace,
Mon ami, par pitié, laisse-moi déposer
Ce meuble dont la chute a failli m’écraser ;
Recevez un instant mon bétail dans l’étable ;
Ne m’abandonnez pas, vous, hôte charitable,
Parmi ces animaux affamés dont les cris
Finiraient, j’en ai peur, par troubler mes esprits.

le meunier

Vous êtes un rusé ; mais la plus fine ruse
Est un fer mal forgé qui sur ma porte s’use ;
Et jamais un renard, quelque malin fût-il,
N’a pu goûter encore aux fruits de mon courtil.

le tailleur.

En vain vous refusez de prendre à mon amorce,
J’ai fait serment d’entrer et j’entrerai par force.