Je connais mon chemin, et je connais la porte
Où doivent s’arrêter les présents que j’apporte :
Lorsque sainte Énora s’en vint chez son époux,
Son habit nuptial ruisselait de bijoux.
Quand Ruth allait glanant derrière la faucille,
Rien qu’un tissu grossier couvrait la jeune fille.
Ô précieux trésor de la virginité !
Une vierge nous plaît par sa seule beauté.
Que cet homme a d’esprit ! et comme il vous enlace !
À toutes mes raisons si vous êtes de glace,
Mon ami, par pitié, laisse-moi déposer
Ce meuble dont la chute a failli m’écraser ;
Recevez un instant mon bétail dans l’étable ;
Ne m’abandonnez pas, vous, hôte charitable,
Parmi ces animaux affamés dont les cris
Finiraient, j’en ai peur, par troubler mes esprits.
Vous êtes un rusé ; mais la plus fine ruse
Est un fer mal forgé qui sur ma porte s’use ;
Et jamais un renard, quelque malin fût-il,
N’a pu goûter encore aux fruits de mon courtil.
En vain vous refusez de prendre à mon amorce,
J’ai fait serment d’entrer et j’entrerai par force.