Ah ! le jeune Lilèz ce jour-là fit bien voir
Que Jean laissa des fils qui savent leur devoir.
Et le terrible clerc, le lutteur et le barde,
Malheur contre un des trois, mort à qui se hasarde !
A leur aide accouraient tous les forts des cantons.
C’était un grand combat de soldats à Bretons,
Tous criaient : on eût dit les abois d’une meute.
Le préfet, entendant de loin gronder l’émeute,
Dépêcha des courriers. « Le peuple est soulevé ! »
Dirent-ils en rentrant. Et bientôt le pavé
Résonnait dans Kemper sous sa nombreuse escorte ;
Et bourgeois et marchands barricadaient leur porte.
Pour lors des campagnards le sort était certain,
Si saint Eloi, prié par le bon Corentin,
Saint Eloi n’eût trouvé pour les fils de Cornouaille
D’étranges alliés, plus forts que la mitraille.
Des hommes sans croyance ont dit, méchants propos !
Que le bruit du combat effraya les troupeaux ;
Ou que des maquignons venus de Normandie,
Race d’humeur sournoise et de gestes hardie,
Avaient semé dans l’air, par un art odieux.
Une poudre qui rend les bestiaux furieux :
Dieu le sait ! mais les bœufs, les chevaux et les vaches
Dans le même moment brisèrent leurs attaches ;
Et tous les fronts cornus et les immenses dos
Bondirent furieux et fous comme les flots,
Renversant les bouviers, lançant contre les bornes
Gendarmes et soldats enfourchés par leurs cornes.
Effroyable mêlée ! Ah ! vos deux jeunes gens
Désormais, Corentin, bravaient leurs poursuivants !
Vos cloches résonnaient comme un jour de victoire.
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