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Et de tous les côtés ils écoutaient les pioches,
Et les coups des marteaux qui frappaient sur les roches.
 
Accroupi sous sa lampe, un vieillard en un coin
Minait de si bon cœur qu’on l’entendait de loin :
« Père, vous travaillez avec un grand courage,
Dit Lilèz. Gagnez-vous beaucoup pour tant d’ouvrage ?
— Hélas ! de ma maison je pars avant le jour.
Et le jour est fini quand je suis de retour !
Mais ces deux vieilles mains ont beau tirer du cuivre.
On leur prend tout : j’emporte à peine de quoi vivre.
C’est un rude métier. Plaignez-moi, mes enfants !
Ah ! quand Dieu prendra-t-il pitié des pauvres gens ? »

Hommes noirs, ô mineurs, peuple doux et qui souffres.
Retournez au soleil, amis, quittez vos gouffres !
Quand le dragon d’Arthur tomberait sous vos coups,
Son trésor enchanté, mineurs, n’est pas pour vous !
Et pourtant qui n’a vu sous les amas de pierres
Du vieux Castel-Arthur, en écartant les lierres,
À l’heure où le croissant brille vers Bod-Cador,
Le dragon merveilleux qui garde un monceau d’or ?
Ses griffes sont d’acier, de cuivre ses écailles ;
Dès qu’il bouge, on entend leur choc sur les murailles ;
Il est aveugle et sourd, mais dans le trou des yeux
Il a des diamants qui jettent de grands feux.
Et lorsqu’il tourne à l’air ses mouvantes oreilles,
Le vent s’y roule et rend des plaintes sans pareilles ;
Son ventre large et gras est tacheté d’azur :
Merlin y renferma l’or de son maître Arthur. —
Qui tuera le serpent ? — Ce monstre, c’est la terre,
Ô mineurs ! Vous avez résolu le mystère !