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Au sortir de l’église, un d’eux (Lilèz, sans doute)
Dit : « Nous avons besoin de force pour la route :
Entrons où vous voyez ce bouquet de pommier. »

Or deux hommes causaient déjà près du foyer :
L’un, marin vannetais, allant mettre à la voile
Au port de Saint-Brieuc ; l’autre, marchand de toile,
Qui venait de Tréguier : selon qu’on dit chez nous,
L’un mangeur de pain blanc, l’autre mangeur de choux.
Un troisième, muet, mais que sa mine austère
Et ses habits disaient enfant d’une autre terre.
Les écoutait parler ; et, comme leurs discours
Roulaient sur le pays, leur voix montait toujours
Et chantait, à la fin de ces joyeuses luttes,
Ainsi qu’en s’appelant pourraient faire deux flûtes ;
Tellement que Lilèz, entré dans la maison,
Quand arriva son tour, chanta dans leur chanson.

MOR-VRAN, du pays de Vannes.

Je suis du Mor-Bihan, qui renferme plus d’îles
Que les autres cantons n’ont de bourgs et de villes ;
Et les autres cantons, si verdoyants tous trois.
N’ont pas tant de forêts ni d’arbres dans leurs bois.
Que l’immense Carnac dans son champ de bruyère
N’a de rangs de men-hîr et de tables de pierre :
Des îles, des men-hîr, voilà le Mor-Bihan,
Et le grand saint Gildas est roi de l’Océan.

HERVÉ, le Trégorrois.

L’homme est fait pour la terre. Ah ! regardez nos plaines
De lin tendre et de chanvre en été toutes pleines !