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Et, s’étant appuyés à la grille du chœur,
Se mirent à prier dans le fond de leur cœur.
Priez ! L’ardent soupir qui sort d’une bonne âme,
C’est la blanche fumée, amis, que rend la flamme ;
Comme par un jour clair elle monte du toit,
La prière au ciel monte et le ciel la reçoit.
Priez ! — Quand le vicaire eut achevé sa messe,
Celle qui venait là remplir une promesse,
Dans le tronc de l’église Anna jeta dix sous ;
Puis, devant la relique où pendaient à leurs clous
Un sachet, des rubans, des chapelets, un cierge,
Elle mit de sa main un cœur de cire vierge,
Image de sa mère, hélas ! qui se morfond
Comme sur le brasier une cire se fond ;
Ou peut-être ce cœur était l’humble symbole
D’une âme qui se sent trop fragile et trop molle.
Lilèz aussi laissa trois mèches de cheveux.
Ainsi ces pèlerins accomplirent leurs vœux.

Dieu les suive à présent dans leur course lointaine !
Adieu le frais vallon et sa belle fontaine !
Adieu Saint-Jean-du-Doigt et son clocher de plomb !
En route ! le chemin devant eux est bien long.
Ils viennent de touche-r au but de leur voyage ;
Encor trois jours de marche, ils verront leur village.

« Votre main, jeune fille ! En avant ! en avant !
Marchons avec gaîté, marchons légèrement ! »