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Mais ils entrent déjà sur le sol de Tréguier,
Et, perdus dans la lande, ils cherchent un sentier.
 
Une fille passait : « Holà ! holà ! ma belle,
Répondez ; sommes-nous bien loin de la chapelle ?
— Non, suivez le vallon, Saint-Jean est dans le bas.
Mais vous parlez serré, je ne vous entends pas. »
Les voilà repartis. « Lilèz ! dit le vicaire,
Les gens de ce pays ne te comprennent guère.
— C’est vrai, répliqua-t-il ; hommes, habits, discours,
Tout, à l’entour de nous, change depuis huit jours.
Quand mes braves amis entendront ces merveilles,
Vous verrez sur leur front se dresser leurs oreilles.
J’ai fait bonne moisson de contes pour l’hiver.
— À ceux qui n’ont pas vu monter si loin dans l’air
La flèche de Saint-Pôl, s’écria la jeune Anne,
Je dirai poliment : Oh ! vous êtes un âne !
— Oui-da, Saint-Pôl me plaît ; mais jusques à ma mort,
Anna, je vanterai Brest, sa rade et son port.
Que d’ancres, de boulets, de canons ! Sur l’enclume
Le marteau retentit ; le goudron flambe et fume ;
Des milliers de marins, des milliers d’ouvriers,
Et d’énormes vaisseaux assis sur leurs chantiers ! »
 
Ô vous, qui par mes vers aimerez la Bretagne,
Si vous voulez un jour visiter la montagne
Où vont nos pèlerins d’un pied si diligent,
Venez au mois de juin, le jour de la Saint-Jean :
Dès le premier rayon de ce pieux dimanche,
Vous verrez arriver la foule noire et blanche ;
Avec la braie ancienne ou le nouveau surtout,
De Léon, de Tréguier, il en vient de partout ;