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CHANT DIXIÈME

LA BAIE-DES-TRÉPASSÉS.


L’équinoxe d’automne. — Puissance surnaturelle des prêtresses de Sein, et poussière des chapelles chrétiennes. — Hommes voilés dans la Baie-des-Trépassés. — Effroi des gens de Plô-Goff. — Tableau du cap, de la baie et du détroit. — Terreur croissante des habitants. — Des hommes voilés entrent dans l’église paroissiale. — Quels étaient ces visiteurs.

 
Oh ! pourquoi s’embarquer sur une faible planche
Quand la feuille jaunit et quand la paille est blanche ?
Dans ce mois périlleux, pourquoi livrer à l’air
Sa voile ? C’est le temps des fureurs de la mer.
Lorsque l’astre changeant, amant muet et pâle,
Entouré de vapeurs et de robes d’opale,
Vient chercher de plus près celle qu’il suit toujours,
La nuit voit s’accomplir d’effrayantes amours.
La Mer, qui sent l’amant venir, par des bruits rauques
Lui répond, et vers lui soulève ses seins glauques ;
Lascive, elle se tord sur son banc de limon ;
Ses verdâtres cheveux, l’algue et le goëmon,
Elle les jette aux vents ; les vents par leurs haleines
Éveillant en sursaut et requins et baleines,