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Sur son chemin uni roulant comme une meule,
Il va, plein d’un brasier qu’il vomit par sa gueule ;

Esclave obéissant, mais, dans un brusque ennui.
Brûlant les insensés qu’il emporte après lui…
 
Ah ! si tu veux garder pure ton étamine,
Aux plus profonds ravins cache-toi, blanche hermine !
 
Sur le chaume rustique et la tour du manoir,
Drapeau de nos aïeux, flotte encor, drapeau noir !
 
Ô race des Bretons, vouée à la souffrance,
Nous n’avions pas de mot pour dire l’espérance ;

Le dernier de nos jours penche vers son déclin :
Voici le dragon rouge annoncé par Merlin ! —

Il vient, il a franchi les marches de Bretagne,
Traversant le vallon, éventrant la montagne,
 
Passant fleuves, étangs, comme un simple ruisseau,
Plus rapide nageur que la couleuvre d’eau :

Il a ses sifflements ! Parfois le monstre aveugle
Est le taureau voilé dans l’arène et qui beugle :
 
Quand s’apaise la mer, écoutez longuement
Venir sur le vent d’Est le hideux beuglement !…