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III

Les enfants de la Grande et Petite Bretagne
Se verront alliés dans les prochains combats,
Et ceux de la Bourgogne et ceux de la Champagne,
Un seul penser, Anglais, Français, les accompagne,
Et vers le même but ils marchent tous soldats.

IV

Un monstre lentement a grandi sur la glace
Qui pour nous dévorer s’avance insidieux ;
Peuple des doux climats, avant qu’il nous enlace,
Nous aurons écrasé sa ruse et son audace :
Lorsqu’un monstre surgit, il naît aussi des dieux.

V

Bien des fils vont pleurer, hélas ! et bien des mères,
Et, seul, plus d’un vieillard à son feu s’assoira :
Aujourd’hui, grâce à Dieu, j’ai quitté nos chaumières,
Mes yeux ne verront plus ces angoisses amères,
Bien du sang va couler… et Moloch le boira.

VI

Debout, les bras tendus et les lèvres béantes,
Près du pôle, il attend ceux-là qui vont mourir :
Engraissez le géant de leurs chairs pantelantes !
De l’Europe et d’Asie ô victimes sanglantes,
Moloch a faim… mourez, enfants, pour le nourrir !…