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La Dame de la Grève[1]


1836
I

Comme, par maints détours et des ruses sans nombre
Quand les jeunes oiseaux, seuls, reposent dans l’ombre,
La couleuvre se glisse, adroite, dans un nid,
Telle entra la servante en ce noble réduit.
Enfant, on l’appela menteuse, et dans son âme
Cent vices fourmillaient, nés du mensonge infâme :
Seul des vices humains il ne peut pas guérir,
Flétrit toute vertu simple et la fait mourir ;
Comme un reptile impur, s’il vient dans la fontaine
Où brillaient le cresson et des fleurs par centaine,
A vite corrompu le cristal argenté.
Les fleurs et le cresson qui donne la santé.
Le mensonge la fit ainsi lâche et traîtresse,
Jusqu’à tenter un clerc et vendre sa maîtresse ;

  1. La paroisse d’Er-déven (ou de la Grève) est située en face de la presqu’île de Quiberon. Le comte de Bodéru, mari de l’héroine de cette histoire, était, sous Charles X, pair de France et louvetier de Bretagne.