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Barde !… ô dans la mêlée appel retentissant,
Bouche d’or, te voilà toute pleine de sang !
Maudite soit la main et maudite l’épée
Par qui du cygne blanc la gorge fut coupée !
Mais Gam-berr, mais le chef si longtemps attendu,
Il vient ! comme Grouchy, lui ne s’est point perdu.
Ici terreur soudaine, ici nouveaux carnages.
Dieu soit en aide aux Bleus ! — Ô chouans ! ô sauvages !
Sur ces pâles fuyards lancés comme des loups,
N’aurez-vous point pitié de chrétiens comme vous ?
Voyez ! pour effacer vos traces meurtrières,
Vos fils vont relevant ceux qu’abattent leurs pères !
Le sang de ce soldat couché dans les sillons,
Le doux Can-dal l’essuie avec ses cheveux blonds !
Ce soir dans Muzillac célébrez vos batailles,
Eux, ils entonneront le chant des funérailles ;
Remplissez au banquet les verres jusqu’aux bords,
Dans la couche éternelle ils étendront les morts ! —

Mais, durant ces trois mois de haines enflammées,
Dois-je aux traces de sang suivre les deux armées
Jusqu’au Champ-des-Martyrs, quand, le front dans sa main,
Gam-berr vaincu pleura sur le bord du chemin ?

III

Le 30 juillet.

Un air joyeux circule autour des métairies :
Le foin remplit les cours, dans les grasses prairies
Les rires des faneurs partout sont entendus,
Et je vois les fusils aux foyers suspendus.