Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Puis un bateau, conduit par les anges peut-être,
Glisse entre les récifs pour recevoir le prêtre.
Aussitôt le proscrit : « Mon père, sauvez-moi !
— Entrez, mon fils ! Malheur à qui n’aime que soi ! »
Et les voilà voguant, et le prêtre et le sage :
La lune avec douceur éclairait leur visage.

III

Ô rochers de Penn-marh, Glen-nant, sombres îlots,
Cap aimé de la mort, effroi des matelots,
C’est parmi vos écueils que la barque fragile
Au large s’avançait ; mais l’aviron agile
Faisait, par ce beau soir, jaillir des lames d’or.
Et la barque avançait, elle avançait encor.
Enfin, à l’horizon quand disparut la côte,
L’aviron s’arrêta sur la mer pleine et haute.
Là, vingt autres bateaux, bateaux durs et pesants,
Attendaient, et marins, pêcheurs et paysans,
Tous priaient en silence, assis près de leurs femmes.
Lorsque vers son troupeau vint le pasteur des âmes,
Il dit en élevant sur eux son crucifix :
« Que la paix du Seigneur soit avec vous, mes fils ! »

Rome, j’ai visité tes saintes catacombes.
Les autels des chrétiens primitifs et leurs tombes ;
Sous la torche funèbre, un moine m’a conduit
Dans les détours sans fin de l’immense réduit,
Ce temple des martyrs où les enfants du Tibre,