Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/42

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHANSONS DE PRIMEL


La Servante de la quenouille


Primel a découvert le secret de son àme.
En dormant, il chantait hier cette chanson :
La harpe, au moindre vent qui passe, jette un son,
L’églantier son parfum, le cœur aimant sa flamme.




« La veuve de Corré, ce bijou de beauté,
Porte un autre bijou qui brille à son côté :
Chaîne de fin laiton, bague jaune et sans rouille,
La Servante de la quenouille.

« C’est le nom de l’agrafe aussi pure que l’or
Qui reluit au corset des fileuses d’Arvor ;
Mais chaîne de laiton, bague luisante et neuve,
J’aimerais mieux encor la veuve.

— « Je veux voir, belle enfant, je veux toucher l’anneau
« Où pend votre quenouille avec ce long fuseau. »
Et, vers elle incliné, je bois l’air de sa bouche !
Femme et bijou, ma main les touche ! »




Ah ! qu’un cœur bien épris est prompt à s’épancher !
Le sommeil parle : amants, dormez vos portes closes…
Mais qu’importe ? Un jour vient qu’il faut cueillir les roses
Primel vers l’églantier n’a plus qu’à se pencher.