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Plus nouveau, nul parfum du pays ne vous tente,
Et des clercs, des seigneurs si vous fuyez la voix,
Vous souvenant toujours des chansons d’autrefois ! »

Ainsi le journalier parlait dans cette lettre
Que certain mendiant s’engageait à remettre,
Avec mille détails sur les lieux, la maison,
Et le retour probable à la belle saison ;
Enfin la vérité sur le point qui les touche,
Ce que l’encre dit mal et que dit bien la bouche.

Dans la serre vitrée il traça ce billet.
Déjà pour le fermer une cire brûlait.
Lorsque la jeune dame, avec un bon sourire,
Dit en entrant : « Montrez si vous savez écrire ! »
Elle était belle à voir parmi ses dahlias
Et dans l’air embaumé des tiers magnolias,
Tandis que sur les champs sifflait la froide bise,
Parcourant cet écrit, entre ses fleurs assise :
Ce n’étaient à l’entour que myrtes, orangers,
Et bouquets odorants d’arbustes étrangers ;
Des poêles sortait l’haleine humide et chaude ;
Quelques mouches à miel, s’insinuant par fraude,
Dans les fleurs bourdonnaient, et sur les clairs vitraux,
Heureuse, la chenille étendait ses anneaux.
Elle lut, et bientôt, de malice égayée,
Voici ce qu’ajoutait sa plume déliée :

« Je vous aime, Nola, comme on aime une sœur.
Je sais votre beauté, je sais votre douceur.
La dame veut écrire à la riche fermière
Qu’un jaloux va, de loin, troubler dans sa chaumière,