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Celui qui sait donner sait aussi recevoir.
Comme votre beauté je sens votre mérite,
Et ce n’est jamais vous, ô veuve, qu’on évite.
Pourtant, j’ai ma fierté. Devant votre foyer
Si je m’assieds en maître, un jour, moi journalier,
Par le travail des champs ou par quelque négoce
Je veux du moins gagner mes vêtements de noce.
Loin de vous éviter, alors je viens à vous ;
Debout sur votre seuil, je dis : « Voici l’époux ! »

Tel fut son discours fier, mais tendre ; et, comme preuve,
D’une verte ceinture il enlaçait la veuve ;
Et des bouts de la chaîne entre ses mains flottants,
Près de lui, prisonnière, il la retint longtemps.
Et les ardents soupirs, les expressions molles
Qu’on envie aux jours froids des sévères paroles,
S’échangèrent sans crainte à l’ombre de l’auvent ;
Puis tous deux, accordés, s’éloignèrent rêvant.




CHANSONS DE PRIMEL


Le Ramier


On pleure amèrement, seul, loin de son pays,
Loin de l’objet qu’on aime amèrement on pleure :
Primel a tout quitté, ses amours, sa demeure,
Et triste, au bord des flots, il chante ses ennuis.