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Qui s’élancent sans fin du mystique froment,
Tant Dieu leur est visible au fond du sacrement !
Ils le voyaient aussi, tous ces fervents apôtres,
Et ces graves docteurs, ces Pères et tant d’autres
Par qui fut d’âge en âge avec force établi
Le mystère divin dans la Cène accompli.
Ici sur un autel, table du sacrifice,
Brille la blanche hostie au-dessus du calice,
Et tous, leur livre en main ou leur tiare au front,
Se consultent encor sur le dogme profond :
La lumière du ciel s’épanche et les inonde ;
Dans les rayons dorés chante la bouche ronde
De mille chérubins, et, volant dans les airs,
Les séraphins ardents prolongent leurs concerts ;
Et plus haut, par-dessus la riante couronne
Et la blonde vapeur qui toujours l’environne,
Dans toute sa puissance et son éternité,
Sans voiles apparaît l’auguste Trinité. »

Celle de qui la voix s’élève comme une hymne,
La vierge parle ainsi, puis de sa main divine
Elle vous montre, à vous qui ne parlez qu’en vers,
Le beau temple romain, temple de l’univers.
Saluez les trois Sœurs, savantes interprètes,
Et marchons vers Saint-Pierre, ô bardes, ô prophètes !…
Arcades, triple nef et dôme radieux,
Tombeaux des confesseurs qui remplacez les dieux.
Chaire antique, salut ! Des quatre points du monde
L’homme ici vient prier ; l’âme la plus immonde
Y lave sa souillure, et les plus innocents
Sortent fortifiés par l’huile et par l’encens :
Autel patriarcal, sur tes marches augustes