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Prenons la voie antique où, tout pensif, Horace
Cherchait des vers ; voici le saint dépôt des lois ;
Ici tomba César ; premiers de notre race,
Ici le glaive en main parurent les Gaulois.
 
Puis c’est la voie Appienne, où seul arriva Pierre
Pour la tâche où son Maître en mourant l’appelait :
Le dôme qui reluit au loin dans la lumière
Prouve que le pécheur jeta bien son filet.

Et j’adresse un salut à l’immense coupole,
Colosse soulevé par un géant toscan.
Au divin Mac-Aurèle, amour du Capitole,
Au divin Raphaël, amour du Vatican.

Il faut, à mon retour, ne voir que les Romaines,
Sur le seuil des maisons les beaux groupes vivants.
L’eau s’épancher partout aux bassins des fontaines.
Et le lait abonder aux lèvres des enfants.
 
Qu’ils sucent ardemment les fécondes mamelles !
Qu’ils vous regardent fiers aux mères appuyés !
Comme ils plongent leurs mains dans les sources jumelles !
Comme, vifs et joyeux, ils agitent leurs pieds !
 
Tableau qui fait rêver le peintre et le poète…
Mais la nuit calme arrive, et je regarde encor,
À travers la campagne endormie et muette,
À l’horizon bleuâtre un beau nuage d’or.