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Durant tout ce narré, les rondes, les gavottes
N’avaient cessé leur train, ni le hautbois ses notes :
L’heureux fermier sentait l’argile se durcir ;
On dansait par devoir autant que par plaisir ;
Nul oisif ; cette sœur, pleurant encor son frère,
Dansait ; même les vieux suivaient à leur manière ;
On disait : « Je travaille ! » oui, jusques aux dévots
Secouaient tout scrupule au choc de leurs sabots.
Pourtant, le soir venu, du haut de leur barrique
Messires les sonneurs font taire leur musique,
Il faut partir. « Cherchons, à l’heure des adieux,
Quel est son préféré : voisine, ouvrez les yeux.
Bon ! sur son alezan le beau seigneur qui l’aime
Se penche, il lui sourit, elle sourit de même…
Voisine, je vois clair, je dis : c’est celui-ci !
— Eh bien, je vois plus clair, commère, le voici ! »

Primel, en ce moment, traversait l’aire neuve,
Mais froid, les bras croisés, sans regarder la veuve
Qui laissa retomber sa coiffe sur son front.
Essayant de cacher sa peine et son affront.




CHANSON SUR PRIMEL


L’Abeille


Les amants dédaignés sont cruels et moqueurs ;
Au fond des bourgs pullule une race méchante :
Riche et belle, une veuve attirait tous les cœurs,