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« Ô braves gens, le foin a rempli vos charrettes !
Comment poussent les blés ? — Nos voitures sont prêtes
Pour le temps où viendront les seigles et les blés ;
Nos granges, nos hangars ne sont jamais comblés :
À Dieu de les remplir ou de les laisser vides !
Nos cœurs sont désireux, mais ne sont point avides. »
 
Ah ! voici quels propos sortis de nos cantons
Pour vous m’ont inspiré tant de vers, ô Bretons !
Et comme de mon cœur à mes lèvres encore
Vient une idylle fraîche envieuse d’éclore
Pour ces bruns laboureurs, Celtes aux longs cheveux,
Noblement appuyés sur le cou de leurs bœufs !
Mais le bétail revient, et des landes verdâtres,
Joyeuse, arrive aussi la voix claire des pâtres ;
Ils passent, ramenant leurs vaches, leurs moutons ;
Comme chef de la bande, un d’eux chante ; écoutons :

« Non, je n’ai point trouvé le voile d’une fée !
La bague de Merlin, je ne l’ai point trouvée !
 
« Dans l’air, au fond des lacs perfides et dormants,
J’aurais pour mes amours cherché ces talismans.

« Un nid que désirait une enfant de mon âge
Ce soir m’a fait quitter troupeaux et pâturage ;

« J’apporte mon trésor : un beau nid de pinson,
Qui pourrait défier tisserand et maçon ;

« Le dehors semble un mur tout revêtu de mousse.
Au dedans tout est plume et laine fine et douce.