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« Nature, sois en tout son guide, son modèle :
Qu’il revienne à son toit comme fait l’hirondelle,
Que l’abeille savante et les sages fourmis
Longtemps aux mêmes lois le retrouvent soumis !
 
« Flots des mers, montrez-lui le calme après l’orage ;
Dans son cœur, ô lions, versez votre courage ;
Grands bœufs patiemment attelés tout le jour,
Donnez-lui la douceur, et vous, ramiers, l’amour.

« Êtres inférieurs, soyez pourtant ses guides :
Comme vers le soleil les aigles vont rapides.
Qu’il s’élève léger vers le soleil divin ;
Connaissant son départ, qu’il arrive à sa fin ! »
 
Mais le jour fuit : adieu, promontoires sauvages !
Adieu, pécheurs errants et sonores rivages !
Sur les flots, sur les monts, dans les airs, en tout lieu.
Notre hymne a salué la présence de Dieu :
De ces graves pensers l’âme nourrie et pleine,
En silence il est temps de regagner la plaine.
Si la pente est rapide, un terrain déboisé
À celui qui descend fait le chemin aisé…
Quels limpides ruisseaux traversent ces prairies !
Les faucheurs sont à l’œuvre ; au loin les métairies
Exhalent leur fumée humble et lente ; les voix
Des dogues inquiets, les chants des villageois
Arrivent jusqu’à nous par bouffée ; un chien passe
En flairant le sentier, œil en feu, tête basse ;
Mais le gibier oublie en son trou sûr et noir
Le chasseur regagnant à vide son manoir :