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Sur les riches terrains où naît la poésie.
Gloire à vos devanciers, à leur savoir profond !
Ils ont donné la forme et j’indique le fond.
 
Au prêtre d’enseigner les choses immortelles ;
Poète, ton devoir est de les rendre belles.
L’homme à peine était né, qu’il était tout en pleurs :
Dieu lui donna le chant pour calmer ses douleurs,
Et pour lui rappeler doucement, par son charme,
Le radieux séjour qui n’a point vu de larme.
Du ciel viennent les vers, qu’ils remontent au ciel !
Tel l’éclair ; et malheur au cœur matériel
Qui, tout à ses calculs, appelle une chimère
La douceur de Virgile et la grandeur d’Homère !
Mais aux plus mauvais jours, l’esprit garde à l’écart
Des serviteurs à Dieu, des fidèles à l’art ;
La prière fervente ou le chant les convie.
Et les plaisirs de l’âme ennoblissent leur vie.

Vous pour qui l’Idéal alluma son flambeau,
Venez donc, suivez-moi sur la route du Beau.
Dans son triple sentier que j’ai tenté d’avance,
Trois mots étaient écrits : « Je sens, j’aime, je pense. »
Que peut l’homme de plus ? — Comment s’est éclairci
Le voile qui couvrait ces trois mots, le voici.
Par une histoire vraie il faut ouvrir ce livre :
Le poète est formé de tout ce qui fait vivre.

Bonheur de revenir, et j’y cède toujours.
Vers sa pieuse enfance et ses jeunes amours !
Le jeudi saint, un pâtre, entrant au presbytère,
Le front tout en sueur et d’un air de mystère,