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Le Hêtre


Enfant, j’ai vu la plante grêle
Pousser dans l’herbe près de moi,
Comme moi souple, et molle, et frêle ;

Vers l’âge d’or où je marchais en roi
Dans nos taillis, l’arbuste de mon âge
Me couronnait de son léger feuillage ;

Sur son tertre aujourd’hui, comme un géant, fixé,
Il étend glorieux ses grands bras, et sa tête
Où la brise murmure, où gronde la tempête,
M’appelle, et ses longs bruits me parlent du passé.

Frère, à mon dernier jour, sous ton abri placé.
Mille ans, mon livre en main, je dormirais poète ;
Là, je vivrais encore, affinité secrète,
Dans l’arôme et l’air pur où tu serais bercé !