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Marie


Cueillant des lucets[1] noirs pour cette brune enfant,
J’errais un jour d’été sous la forêt ombreuse,
Comme elle enfant joueur, mais près d’elle rêvant :
 
Sur la mousse et les fleurs et sur l’herbe nombreuse,
Quand ses pieds nus laissaient leur trace, bien souvent
Amoureux je passais sur la trace amoureuse ;

Un ruisseau descendait vers l’étang de Ker-rorh ;
Son beau front, entouré d’une tresse de laine,
Brilla dans ce miroir, et mes yeux vers la plaine
Suivaient l’onde emportant joyeuse mon trésor ;

Dans l’air un jeune oiseau lança ses notes d’or,
Sa voix lui répondit claire, argentine et pleine,
Et moi, pour aspirer cette vibrante baleine,
j’accourus… Dans mon cœur, ah ! je l’aspire encor !



  1. Ou airelle, fruit des bois.