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L’Arbre du Nord


I

Ô chêne, tu couvrais notre terre sacrée,
Mais, symbole de sa durée,
L’Avarice te haît : meurs, roi de la contrée !
 
Tu veux mille ans et plus, dans ton paisible orgueil.
Pour former les nœuds durs où la hache s’émousse :
L’arbre frêle du Nord plus rapidement pousse,
Chaque avril un marchand le mesure de l’œil.

Aux fêtes à venir, s’il reste encor des fêtes.
Où trouver, guerriers et poètes,
Le feuillage élégant qui doit ceindre vos têtes ?

Partout le noir sapin aura jeté son deuil :
Sous cet ombrage froid plus de fleurs, plus de mousse,
Plus de nid amoureux d’où sort une voix douce,
Mais le murmure sourd de l’arbre du cercueil. —