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« Soutenez-moi, Seigneur ! une heure, une heure encore,
Je verrai mes parents, mes amis, ma maison,
La Vierge que pour moi ma vieille mère implore :
Le retour est doux même après une saison.
 
« Hâtez-vous donc, mes pas ! que votre course est lente !
Plus léger est mon cœur. Allez, allez, mes pas !
Ceux dont je suis aimé déjà sont dans l’attente ;
Pour les bien embrasser ouvrez-vous, mes deux bras !

« Que nul ne soit absent dans la chère famille !
Qu’au foyer je retrouve et le pain et l’honneur !
Si ce joyau du pauvre avec moins d’éclat brille,
Contre un malheur si grand soutenez-moi, Seigneur ! »

— Mais tous ces noirs pensers, de nouveau son jeune âge
Devant lui les chassa : le parfum de la plage
L’énivrait ; dans le port il revoit son bateau ;
Soudain, près des dôl-mens, sous les murs du château
Il passe comme un cerf sans détourner la tête,
Et baigné de sueurs à sa porte il s’arrête.
Le logis est désert ! Reprenant son bâton,
Ami fidèle et sûr qu’il ramène au canton,
Par le bourg il s’en va pour chercher ceux qu’il aime,
Sur la grève, à l’auberge… Ardeur chez tous la même !
La poitrine battante et les cheveux au vent,
Vers vous, objets aimés, que j’ai couru souvent !

Sous des arbres lointains, le son d’une musique
L’attire ; c’est le bal où la noblesse antique