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Les Îliennes[1]
À Monsieur Michel Bouquet, peintre


I

Par un soir de grand deuil, de tous les bords de l’île,
Vers l’église on les vit s’avancer à la file ;

Chacune elles avaient leur chapelet en main,
Lentement égrené par le triste chemin ;

Jusqu’à terre à longs plis pendait leur cape noire,
Mais leur coiffe brillait blanche comme l’ivoire.

Et c’était en Léon et dans l’Île de Batz,
L’île des grands récifs et des sombres trépas,

Où les sillons des champs sont creusés par les femmes,
Tandis que leurs maris vont sillonner les lames :

  1. Les îliens, les îliennes, nom local dont la nuance se perdrait dans le grand mot insulaire.