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Invocation



Il est au fond des bois, il est une peuplade
Où, loin de ce siècle malade,
Souvent je viens errer, moi, poète nomade.
 
Là tout m’attire et me sourit,
La sève de mon cœur s’épanche, et mon esprit
Comme un arbuste refleurit.

Sous ces bois primitifs que le vent seul ravage,
Je sens éclore, à chaque ombrage,
Un vers franc imprégné d’une senteur sauvage.

Devant mon regard enchanté,
Jeunes filles, enfants empourprés de santé,
Passent dans leur virginité.

J’aide dans les sillons le soc opiniâtre ;
Pasteur, je chante avec le pâtre ;
La fileuse m’endort, le soir, au coin de l’âtre.